De la plume au récit : posture d’écrivante vs thérapeute narrative
- Juline JOURDAIN
- 4 mai
- 2 min de lecture
Dans mon activité professionnelle, j’oscille entre deux univers : celui de l’écriture accompagnée – en tant que prête-plume, biographe ou animatrice d’ateliers – et celui de la thérapie narrative. Ces deux sphères reposent sur des postures fondamentalement différentes. Si elles partagent l’amour des histoires, elles ne placent pas le récit au même endroit ni ne sollicitent les mêmes dynamiques relationnelles.
Écrire pour, avec, ou en face : les postures littéraires
En tant que prête-plume ou biographe, ma posture est d’abord celle d’une passeuse de mots. J’écoute, je recueille, je reformule. J’entre dans l’univers de l’autre pour lui prêter ma plume, tout en respectant sa voix. Mon rôle est actif : je construis, je guide, j’interprète parfois. Il y a une responsabilité créative forte, un engagement dans le style, le rythme, la structure du récit.
En atelier d’écriture, ma posture évolue. Je deviens facilitatrice et animatrice. J’ouvre des espaces sécurisants, je propose des contraintes qui déclencheront l'écriture, j’encourage le partage. Ici encore, mon implication est visible, souvent en interaction directe avec le groupe ou les textes partagés.
La posture en thérapie narrative : le retrait au service de l’autre
À l’inverse, dans ma pratique de thérapeute en pratiques narratives, je prends un recul radicalement différent. Ma présence s’efface pour laisser toute la place à la personne accompagnée.
Les pratiques narratives, inspirées des travaux de Michael White et David Epston, repose sur une posture décentrée : je ne suis pas l’experte de la vie des gens. Mon rôle est d’ouvrir des questions, de décaler le regard, d’accompagner l’exploration des récits de vie dans toute leur complexité. Ici, la personne est auteur·e de sa propre histoire, au sens le plus fort du terme.
Des postures qui se répondent sans se confondre
Il serait tentant de penser que l’écriture et la thérapie narrative se rejoignent totalement. Après tout, dans les deux cas, il s’agit de récits de vie, de mise en mots, de reconnaissance de soi par le langage.
Mais la posture change tout :
Dans mes activités littéraires, j’assume une forme d’autorité bienveillante : je guide, je suggère, je propose. Je suis là pour répondre à une certaine mission et à certaines attentes.
En thérapie narrative, je m’efforce d’être curieuse sans savoir, présente sans diriger, attentive sans interpréter.
C’est cette différence de posture qui garantit l’éthique et la qualité de chaque accompagnement. Et si ces rôles peuvent coexister chez moi, ils ne se superposent jamais : je change de posture selon le cadre, l’intention, la demande.
La posture change le sens : écrire et écouter autrement
Au croisement de l’écriture et de l’accompagnement, j’ai appris que la posture change le sens.
Être prête-plume ou biographe, c’est mettre mon écriture au service d’un récit à transmettre. Être thérapeute narrative, c’est accueillir l’autre comme l’auteur légitime de ses propres récits, et l’aider à renouer avec ce pouvoir d’agir.
Ces deux postures, bien que différentes, se nourrissent mutuellement. Mon oreille d’écrivante affine mon écoute de thérapeute. Mon humilité de praticienne narrative m’empêche de voler des récits qui ne sont pas les miens. Et c’est dans cette tension féconde que je trouve mon équilibre professionnel.
Pour découvrir mon activité de thérapeute narrative, rendez-vous sur mon site dédié
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